Je fais d’abord une distinction entre souffrance et douleur. Ce n’est pas exactement la même chose ; la souffrance a un côté plus… métaphysique.
La douleur
La douleur, aujourd’hui, on a une batterie de médicaments extrêmement performants. Pas uniquement la morphine. L’introduction des antiépileptiques dans la prise en charge des douleurs neurogènes, par exemple, a complètement révolutionné la chose. Etc.
Mais cela demande un développement des centres anti-douleurs et de soins palliatifs qui n’est absolument pas à l’ordre du jour dans notre pays.
Et c’est bien dommage : une étude américaine de juin 2018 sur 130.000 adultes américains a démontré les économies incroyables que cela générait, contrairement aux idées reçues. Mais bref.
On le sait : quand la douleur disparaît, la demande euthanasique disparaît en général. C’est ce que disent les médecins en soins palliatifs.
Ce qui reste, parfois, c’est la souffrance. Et là on entre dans autre chose.
La souffrance
La souffrance, c’est se voir diminué, c’est voir ses proches avoir peur de soi, trouver des prétextes pour moins venir puis ne plus venir du tout.
La souffrance c’est se retrouver à l’hôpital ou en EHPAD avec des équipes pour la plupart admirables qui se battent pour vous comme des lions au quotidien mais à qui on donne si peu de moyens qu’on voit bien qu’on gêne la société dans laquelle on vit.
Peut-on dès lors parler de « volonté » quand les conditions sociales de bien-être général ne sont pas réunies pour que des gens qui souhaitent mourir le puissent en toute liberté ?
Construisons d’abord une société où les malades sont vraiment inclus. On pensera après à l’euthanasie.
Les directives anticipées
Ensuite. Les directives anticipées. J’y suis favorable uniquement pour réanimation/ pas réanimation. Le reste… on ne peut pas savoir. Même soi. L’instinct de survie, quand on est en situation, c’est tout à fait autre chose que de théoriser autour d’un verre entre copains.
Volonté d’en finir ?
Enfin. La volonté d’en finir de ceux qui vraiment veulent mourir. Je vais vous poser la question cash et en deux temps.
1) Pourquoi devrait-on aider quelqu’un à se suicider ?
En fait quand on prend la peine d’y réfléchir un peu, c’est complètement dingue.
Imaginez la scène. Sur un pont, une femme en pleurs. Elle vient d’être larguée par son mec, elle n’a plus de job, plus de toit, il lui a filé le SIDA. Vous appelez les pompiers pour lui venir en aide. Et là, les pompiers, au lieu de la secourir, la poussent dans le vide.
« Ah ben oui mais c’était sa décision et comme elle avait peur de se rater nous les pompiers on sait à quel endroit le fleuve est dangereux et quelle est la trajectoire optimale pour être sûrs qu’elle meure donc mieux valait qu’on le fasse dans de bonnes conditions. »
Mais du coup, ça devient flippant les interventions des pompiers. « On n’a pas pu sauver votre mari, il est mort dans l’incendie de votre maison ». Oui, sauf que s’ils ont le droit d’aider au suicide, je me demanderai tjs s’ils l’ont pas laissé mourir pour son bien
.
Parce que quand on commence à « aider à mourir », on déborde. Toujours. C’est frappant dans les trajectoires des serial killers « anges de la mort », ces « soignants » dont on découvre qu’ils ont pratiqué des dizaines d’euthanasies non consenties.
C’est frappant dans les trajectoires des lois euthanasiques. Merde quoi, on en est à euthanasier les enfants et les dépressifs dans le Nord de l’Europe, et on se pose la question sans rire des Alzheimer sans leur consentement.
Celui qui veut vraiment mourir se débrouille seul.
En vertu de quoi devrait-on demander à une profession d’assumer l’acte qui par excellence doit s’assumer seul ?
Ce qui amène le point 2.
2) pourquoi les soignants, en particulier les médecins ?
Tuer n’est pas soigner. Ça ne fait pas partie du métier.
Ils connaissent les produits ? Et alors ? Pourquoi pas les pharmaciens ?
Ou les meurtriers, tiens, qu’on pourrait ainsi réinsérer utilement après une formation adéquate ? Et les dealers ? ils s’y connaissent aussi !
Quand on voit en unité psychiatrique l’inventivité incroyable de ceux qui veulent vraiment se suicider, croyez-moi, amoindris ou pas, pas besoin d’aide.