Les tentatives d’Empestage
« M’autorisez-vous à fumer ? » (la question vous est adressée)
La question est en elle-même la pire des vacheries. C’est très exactement une double contrainte.
Vous ne pouvez pas dire oui, parce que vous n’avez aucune envie d’être traité comme un jambon que l’on fume, fût-il du pays, surtout si vous avez des problèmes respiratoires ou venez d’être opéré de l’œil. Pour des tas de raisons, vous ne pouvez pas non plus dire non : l’Empesteur frustré vous le ferait payer d’une façon ou d’une autre. Afin de rendre votre refus plus difficile ou très coûteux, il s’est arrangé pour poser la question devant d’autres personnes. Et il l’a tournée de sorte à vous rendre le refus plus difficile. L’Empesteur est un guerrier dans l’âme, n’oubliez pas !
Vous allez alors prendre un air bougon, pincez vos lèvres, vous tortiller sur votre chaise, et vous entendre répondre : « allez-y », en rajoutant peut-être « la pièce est grande » pour donner le change à vos collègues dont vous aviez obtenu qu’ils ne fument pas dans la voiture qui vous a transportés ensemble à travers l’Europe.
Vous venez de vous faire couillonner. C’est normal. Sur le moment, l’esprit humain réagit très mal à la double contrainte. Mais tant pis pour vous. D’une part, tous les autres fumeurs vont sortir leur paquet en toute légitimité. D’autre part, votre accord vaut pour toutes les réunions futures avec les mêmes Empesteurs ou leurs amis, à qui ils auront passé le mot. Revenir là-dessus sera infiniment plus coûteux que d’avoir refusé la première fois : ils vous feront passer pour la personne qui, en plus, ne sait pas ce qu’elle veut.
C’est donc la question à laquelle il faut absolument vous préparer.
- Dans le cas où vous cherchiez déjà à quitter les lieux, c’est inespéré : « Bien sûr, si vous m’autorisez à partir ».
- Dans le cas où l’Empesteur comprend le second degré : « Bien sûr, si vous m’autorisez à tousser ! »
- Dans une réunion : « Bien sûr, nous allons faire des pauses pour cela. Dans le couloir, naturellement ! N’est-ce pas, M. Animat ? » (Monsieur Animat est l’animateur de la réunion).
« Puis-je fumer ? » (la question ne vous est pas adressée, vous êtes chez un hôte non-fumeur)
Vous êtes invité(e). Un Empesteur s’adresse aux responsables des lieux, et lui demande s’il peut empester. Toute la difficulté de la situation tient au fait que vous êtes simplement admis dans la sphère privée de votre hôte, et que seul lui peut décider ce qui s’y passe. Comme, en tant que non-fumeur, vous revendiquez le respect des frontières entre sphères privées et publiques, vous ne pouvez l’oublier quand ça vous arrange, même si ça doit vous sauver. Par ailleurs le maître des lieux refusera plus difficilement, car il se sent en devoir de satisfaire ses invités. L’Empesteur manipule tout le monde en même temps à travers cette « question ».
Dès le moment où le maître de maison a répondu par l’affirmative, vous êtes définitivement cuit (ou plutôt potentiellement fumé comme un lardon). S’il devait revenir en arrière, il serait obligé d’expliquer cette volte-face en vous fabriquant une image d’emmerdeur. En effet :
- il devrait renier une promesse déjà faite.
- vous contesteriez implicitement les limites de sa sphère privée, et vous cracheriez sur l’honneur qui vous est fait d’y être accueilli(e), ce qui deviendrait un acte guerrier en soi. La tension se serait déplacée entre vous et lui, directement.
La seule solution est donc de répondre avant l’Empesteur potentiel, dans le seul but de peser dans la décision que prendra votre hôte. Par exemple :
- « En ce qui me concerne, pendant qu’on travaille, je préférerais qu’on ne fume pas. Mais le temps est si merveilleux aujourd’hui, peut-être pourrait-on faire des pauses dans le parc, très cher ? »
- « Puisque je suis là également, je me permets de rappeler que c’est tellement plus agréable sans fumée. » (pour contrer l’Empesteur qui, par sa question, faisait comme si ça se jouait entre lui et le maître des lieux).
- « C’est vrai, il faut penser aux fumeurs. Et si on plaçait le cendrier dans la petite pièce que tu viens de décorer si merveilleusement, Judith ? »
Sinon, il faut agir à l’avance :
- Si vous êtes organisateur d’une soirée, vous inscrivez dans un petit coin du carton d’invitation : « une pièce spéciale est prévue pour en griller une petite. » .
- Au moment de préparer le prochain rendez-vous, vous demandez « Pourrions-nous faire les prochaines réunions dans un endroit où l’on ne fume pas ? ».
« Ça vous dérange si je fume ? »
Là vous n’avez pas de chance. Vous êtes tombé sur un Empesteur ou une Empesteuse qui vous manipule en finesse. Dans le cas contraire, il vous aurait plutôt demandé : « Ça vous dérangerait si je fumais ? ».
La question fonctionne de la façon suivante : l’expression « si je fume » utilise le présent, et veut donc dire implicitement « je fume (déjà) ». Du coup la première partie de la phrase « Ça vous dérange » se comprend plutôt comme « tu ne vas pas m’interdire de fumer, tout de même ! ». L’utilisation du langage vous place virtuellement devant le fait accompli. Et il est beaucoup moins bien « vu » de demander l’arrêt de quelque chose qui est en train de se faire, que d’obtenir que ça ne se fasse pas. Dans l’implicite, sans que personne sache pourquoi, tout le monde et même les non-fumeurs vous trouveront violent et intolérant si vous refusez.
Par ailleurs le simulacre de question qu’on vous a posé évoque l’expression « Ça vous dérange ? », qui est employée agressivement envers quelqu’un qui s’est mêlé de ce qui ne le regarde pas.
On vient donc de vous faire une grosse vacherie. N’hésitez donc pas à répondre :
- « Bien sûr que non, mais pas ici tout de même ? »
- ou « J’espère que ça ne vous dérange pas, mais je préfère tellement l’air pur ! »
- ou « Parce que vous pensez sérieusement que cela puisse ne pas être fort dérangeant ? »
« Auriez-vous un cendrier ? »
Ca c’est très vache. Malgré le conditionnel, tout à fait tactique, la question contient une affirmation : « je vais vous enfumer comme un lardon, je ne vous en demande que le moyen ». La double contrainte s’intensifie.
- Si l’on s’est adressé à vous, c’est facile : Non, il n’y a pas de cendrier ici… D’ailleurs personne ne fume".
- Si l’on ne s’est pas adressé à vous, c’est encore facile, à condition que vous soyez assez rapide : « Ah Ah, Hector ! Tu ne savais pas qu’on s’est promis mutuellement de ne pas fumer ce soir ! »
« »
Décidément, les Empesteurs n’ont aucune pitié. Celui-ci empeste comme si de rien n’était. Il est posé là, comme une cheminée d’usine dans le pré de Mme Marcel, ou comme une vilaine tache sur la robe de la mariée.
S’il n’a pas encore allumé son appendice, c’est le plus facile : « Excusez-moi, la fumée me dérange ». Il n’y a strictement aucune raison de ne pas revendiquer l’accès à un air pur. Mais il y a toute les chances qu’il fasse semblant de ne pas comprendre. Vous savez, il vous regardera en biais, avec un petit sourire, comme si c’était vous le(la) malade. Il cherchera alors à entrer en connivence avec une personne présente pour vous ridiculiser, vous faire passer pour un monstre d’intolérance, et finalement vous faire reculer. Il réussira sans doute à entraîner la tierce personne même si celle-ci ne supporte pas la fumée ! En effet dans la plupart des sociétés humaines, empêcher quelqu’un de mener à terme une action commencée n’est légitime qu’en cas de danger fort et immédiat, ou bien si une argumentation en béton peut être développée sur-le-champ. Comme le démontage des clichés relatifs à la soit-disante liberté volée des fumeurs ne se réalise pas en une fraction de seconde, vous n’êtes pas en bonne posture. C’est le moment de rajouter quelque chose du genre « Je me rends directement à un entretien d’embauche dans une société où, sans le dire, on n’embauche aucun fumeur . Et je n’aurai malheureusement pas l’occasion de passer chez moi pour me changer ». Ou encore « je viens d’être opéré de l’œil ». Ou bien « Mon grand-père est mort d’un cancer du poumon, j’en suis encore traumatisé ». Bref, vous avancez des raisons tellement fortes que vous offrez au fumeur une raison pour justifier aux yeux des autres qu’il fasse machine arrière. Il vous en est en général reconnaissant. Aux yeux du public éventuel, il passe pour un être généreux et compréhensif. C’est paradoxal mais c’est comme cela. Il faut savoir ce que vous voulez, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre ! [1]
Si la cigarette est déjà allumée c’est plus dur. Vous pouvez tousser et vérifier que ça ne sert à rien. Vous pouvez ensuite lui dire discrètement « A la prochaine que tu commenceras à allumer, je te demanderai de ne pas le faire ». C’est une menace, bien sûr. Mais c’est avant tout un geste de survie qui répond à l’acte guerrier initial, consistant à polluer tout l’air ambiant comme si de rien n’était. Vous voilà donc ramené(e) à la situation précédente. Mais pour agir, il vous faut absolument un public. Car si l’Empesteur vous entendait en l’absence de public, vous n’auriez pas à chercher un public !
Après cela, si l’Empesteur refuse de cesser l’exercice de son impérialisme, s’il est en situation de vous mettre en danger d’une façon ou d’une autre, vous abandonnez. Si vous le pouvez, vous quittez les milieux où vous rencontrez ce type de monstres. Dans tous les cas vous pouvez, sur le plus long terme, contribuer à faire cesser l’épidémie ou obtenir au moins que les sphéres privées soient respectées. Vous avez des amis, le savez-vous ?
Les lieux-communs
« Et vous faites quoi de la liberté individuelle ? »
Les Empesteurs vous disent la chose suivante : « Tout le monde est libre donc je suis libre donc je fais ce que je veux, et vas te faire foutre ». Liberté, liberté, liberté !
Bien sûr, dans une société, la liberté ne peut être cela. Tout simplement parce qu’il y a beaucoup plus de rêves dans les têtes, que de possibilités de les réaliser. Par exemple, si tous ceux et toutes celles qui rêvent d’être des stars le devenaient brusquement, ils(elles) cesseraient aussitôt de l’être : leurs admirateurs seraient moins nombreux qu’eux !
Les Empesteurs qui ne le nient pas nous tendent alors un piège. Ils mettent sur le même plan les deux libertés : la liberté du fumeur à fumer, et la liberté du non-fumeur à ne pas fumer, les deux étant réunis dans le même lieu clos dont ils doivent se partager l’air.
Ridicule ! Car, entre deux personnes qui préfèrent se montrer civilisées plutôt que de se battre, les litiges se règlent dans l’équilibre de l’échange. Le compromis réglant le conflit de libertés doit permettre à chacun de gagner à peu près la même chose.
Or le non-fumeur perd son bien-être et sa santé au profit de l’Empesteur, et ne gagne rien. L’Empesteur gagne tout ce qu’il veut gagner (son plaisir solitaire d’un moment) et de perd rien, en tout cas pas en faveur du non-fumeur. Les deux libertés ne peuvent pas être comparées.
De la mauvaise théorie, tout cela ? Peut-être. Mais si la Liberté c’est la Liberté, et si chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, nous attendons avec l’impatience l’anti-mites pour le placer partout.
« L’air appartient à tout le monde ! »
Du même style que le précédent, c’est un cliché qui fonctionne bien. En attendant l’anti-mites (qui nous permettra de voir si les Empesteurs sont sur ce point aussi sûr d’eux qu’ils le prétendent), on essaiera :
- « Il m’appartient donc aussi, c’est pourquoi je vous prie d’éteindre votre cigare ! »
« Il y a des problèmes bien plus importants que le tabagisme ! »
Réponses :
- « Tu as raison. Que fais-tu pour les résoudre ? Lesquels te paraissent les plus importants ? Es-tu engagé dans une association ? »
- « C’est vrai, mais commençons par celui-ci puisqu’il est simple. »
- « On résoud d’autant mieux les problèmes importants que l’on ne pense plus aux autres. Et comment veux-tu résoudre les problèmes importants dans des locaux où l’on ne peut pas respirer ? »
« Il vaut mieux vivre moins longtemps, mais en s’éclatant »
C’est bien dans l’air du temps. Ca va avec l’idéal d’individualisme, et celui d’absence totale de responsabilité envers le présent et le futur, tout cela se voulant bien sûr totalement déconnecté du passé.
À court-terme, une telle attitude peut être profitable. Mais à long terme, dans les sociétés où cette philosophie est largement répandue, cela conduit à :
- la peur d’autrui : forcément, si à chaque instant autrui est susceptible de faire légitimement n’importe quoi, il vaut mieux se méfier.
- l’isolement
- La baisse de la natalité.
Réponse :
- « Je suis entièrement d’accord. Mais n’impose pas tes choix aux autres. Et je sais de quoi je parle : je suis cascadeur et je prends des risques. Mais je ne fais partager ces risques à personne, et le principal souci de mon équipe est d’assurer la sécurité du public, qui paie pour venir me voir. Quand on te paiera pour te voir gonfler tes poumons avec de la fumée de tabac et de papier, c’est que tu seras le dernier à le faire. »
« Pourquoi ne pas interdire l’automobile, tant qu’on y est ? »
L’automobile est effectivement un autre excellent cas où des individus, dans leur intérêt propre, se permettent de lâcher des pets dans la nature au détriment de tous. Comment dans le cas du tabagisme, les notions de sphère privée et de sphère publique permettent de comprendre ce qui est en jeu.
Mais le cas de l’automobile n’est pas comparable à celui du tabagisme. En effet, par nécessités vitale pour elles, nos sociétés sont entièrement organisées autour de l’automobile, qui est un outil répondant à la nécessité de circulation. Certes l’automobile pollue, mais nous décidons chaque jour de profiter toutes et tous de ce moyen. Dans les sociétés occidentales au moins, les avantages en sont répartis assez équitablement, et tous et toutes acceptent d’en partager les inconvénients.
Le tabagisme social exercé par les Empesteurs n’a rien à voir avec cela. C’est loin d’être un outil au service de la collectivité, même si l’on entend ça et là que les taxes récupérées par les états dépassent les dépenses engagées pour soigner les fumeurs de leurs cancers, ou que la mort précoce des fumeurs sera un avantage au moment où les caisses de retraite commenceront à rencontrer des difficultés. Non, le tabagisme en société est une pratique de certains qui perturbe la vie de tous, sans avantage pour la collectivité.
Par ailleurs, des efforts considérables sont faits pour limiter la pollution par l’automobile. L’évolution rapide des normes de pollution, la mise en place de bilans automobiles obligatoires réguliers sont là pour le prouver. Dans les villes d’un certain nombre de pays, la circulation est limitée quand la pollution augmente trop. Pendant ce temps l’air de n’importe quel bar, restaurant ou discothèque des mêmes pays reste infiniment pollué.
Il n’empêche que le moment est sans doute venu de réfléchir au moyen de transport qui remplacera l’automobile. Qui ne rêve pas d’un système souple, silencieux et respectueux de l’environnement, capable de nous transporter sans danger et sans bouchons de n’importe où n’importe où, dans lequel on pourrait soit participer à la conduite, soit faire carrément autre chose ? La technique le permet déjà. Reste à nous organiser pour cela !
Pendant le même temps, continuons à faire valoir nos droits auprès des Empesteurs et des Empesteuses.
« Il y a des odeurs plus désagréables que la cigarette ! »
Réponses :
- « Elles sont cancérigènes, aussi ? »
- « Ah bon ? Et elles sont émises par quelques uns au détriment de tous ? »
« La disparition du tabagisme mettra des tas de gens au chômage ! »
Ça, c’est un cliché extraordinaire. Il fonctionne de la façon suivante :
- Personne ne fume, donc personne n’achète de cigarettes.
- Personne n’achète de cigarettes, cigares et autres appendices, donc plus personne n’en fabrique.
- Plus personne n’en fabrique, donc ceux qui en fabriquent deviennent des chômeurs supplémentaires.
Et vlan ! Pauvres tas de gens !
Si l’économie et le marché de l’emploi suivaient des principes aussi simples, nos pauvres sociétés ne seraient pas où elles en sont ! Les phrases 1 et 2 sont immensément vraies. La troisième est complètement fausse, ainsi que la succession des trois.
Partons de la première phrase : les gens qui n’achètent plus de cigarettes ont pour l’instant le même revenu. Or chacun, d’une manière ou d’une autre, dépense tout son revenu. Pas un centime de plus, pas un centime de moins, qu’il s’agisse des besoins courants, des loisirs, de se le faire voler, ou de le transmettre à ses héritiers et à l’Etat après le grand saut. Ce qui n’est pas dépensé dans le tabac sera donc dépensé ailleurs, créant ainsi de nouveaux emplois qui compenseront ceux qui seront perdus dans l’industrie du tabac.
Les clichés relatifs au chômage qui circulent aujourd’hui ne vont pas dans le sens de l’intérêt commun. C’est ainsi qu’on donne de l’argent public à de grandes sociétés qui annonceront fièrement qu’elles créent 50 emplois. Mais ces 50 emplois sont des emplois à très haute productivité. Les rabais de 5 % qui pourront être faits à la caisse draineront la majorité des consommateurs, ce qui conduira à la disparition diffuse de 250 emplois dans des entreprises qui exerçaient cette activité par le passé. Les gains seront récupérés par un très petit nombre de personnes au lieu d’être redistribués équitablement. L’argent public aura été détourné, puisque par définition il était censé servir l’intérêt collectif et pas celui de quelques-uns !
De toutes façons, après une période transitoire pendant laquelle les anciens Empesteurs resteront chez eux, la fin du tabagisme social permettra à des millions de personnes d’apprécier à nouveaux nombre de lieux publics tels que discothèques, restaurants, bars, etc.. Non seulement des emplois seront créés en nombre, dans des secteurs où les revenus sont redistribués beaucoup plus équitablement que dans celui de la télévision, derrière laquelle les victimes du tabagisme public se replient. Mais en plus, nos sociétés retrouveront une convivialité que, paraît-il, elles offraient dans le passé. Décidément, plus nous y pensons, plus nous sommes impatients de l’arrivée de l’anti-mites.
« Si l’on a plus le droit de fumer en public, c’est la fin de la convivialité »
Le tabagisme social n’est pas une condition de la convivialité. Au contraire, une soirée entre amis sans cette odeur pesante et pénétrante, où chacun respecte les sphères privées des autres convives, est mille fois plus conviviale (sauf quand les Empesteurs à qui on a demandé de fumer le font payer de leur mauvaise humeur). Mais le tabagisme social est malheureusement encore parfois un symbole de la convivialité. L’action du symbole rend la situation faussement conviviale. Comme très souvent dans les sociétés humaines, le symbole est bien plus fort que la réalité objective. La publicité pour le tabac sait tout cela mieux que nous. [2]
L’auto-justification de l’Empesteur
« En tant que fumeur, je me conduis bien »
On ne compte pas les Empesteurs qui font des discours pour faire croire en leur savoir-vivre, en mettant en avant une générosité qui n’est rien vis-à-vis des torts causés. Exemples :
- « Je demande toujours si je peux fumer ». Prudence !, prudence !
- « Je ne jette pas les cendres par terre ». La réponse est simple : « Ah oui, et comment désodorises-tu les lieux ? Comment nettoies-tu nos poumons et nos habits à la sortie ? »
- « Je ne vide pas le cendrier de ma voiture dans la rue ». Répondez alors « Et moi je ne fais pas pipi sur Monsieur le Policier ».
Si devant vous, quelqu’un vide son cendrier dans la rue, attendez qu’il relève la vitre de sa voiture et qu’il s’apprête à partir. Puis approchez vous de sa voiture comme pour lui demander un renseignement, attendez patiemment qu’il redescende la vitre et dites-lui : « Excusez-moi, vous avez perdu quelque chose » en montrant le tas de cochonneries.